mercredi, mars 23, 2005

Le printemps et la fièvre amoureuse

Petit article intéressant sur le sexe par Mario Girard pour le journal La Presse. Si vous voulez vous exprimez sur le sujet, commentez et faîtes-vous plaisir. Allez, tout le monde s'envoie en l'air!!!

Printemps et galipettes

Mario Girard

La Presse

Aimer le sexe, c'est être contraint au silence ou, pire, à l'humour. Car c'est bien connu, on parle de nos galipettes en rigolant ou on n'en parle pas. Aimer le sexe - et oser l'affirmer - n'est pas toujours bien vu. Profitons de l'arrivée du printemps et de l'éveil des sens pour nous étendre sur le sujet.

Entre l'impénitent chasseur qui ferme les bars, la chaude lapine qui reluque le moindre veston au bureau ou l'internaute qui surfe porno, ceux qui aiment tout simplement et sainement le sexe ont du mal à se faire une place. «Notre éducation judéo-chrétienne fait que la notion de plaisir est facilement condamnable, croit la sexologue Nathalie Suzanne Turgeon. Ce sentiment de culpabilité est encore plus fort chez la femme, qui est aux prises avec l'éternel dilemme de la vierge et de la putain.»

Pas facile donc de trouver des gens qui acceptent de parler ouvertement de l'importance du sexe dans leur vie. «Moi je n'ai pas peur de le dire, j'adore le sexe», affirme François, un hétéro de 43 ans déniché après une recherche digne de Scotland Yard. «Je n'hésite pas à parler de mes états sexuels avec mon frère et mes bons chums. J'en parle surtout avec mes blondes. Pour moi, le sexe est un aspect de la vie de couple dont il faut parler, ce que peu de gens font finalement», ajoute ce fonctionnaire, qui a découvert sa sexualité sur le tard.

Pourquoi eux?

Les théories se bousculent tels des spermatozoïdes au portail afin d'expliquer pourquoi certaines personnes ont une vie sexuelle plus active que d'autres. «L'éducation joue un rôle très important là-dedans, soutient Nathalie Suzanne Turgeon. Nos parents nous envoient des messages verbaux et non verbaux qui seront déterminants sur notre vie sexuelle. Quand on entend des phrases comme les hommes sont tous des écoeurants ou les femmes sont toutes des salopes, mettons que ça part mal.»

Vered Haiun dirige une école de danse érotique. «À cause de mon éducation et de mes origines libyennes, une culture qui favorise la sensualité féminine, je n'ai jamais eu de problème avec la sexualité. J'ai décidé de partager cela en offrant des cours de danse érotique afin d'aider les femmes à retrouver la confiance perdue. Les Nord-Américaines se définissent beaucoup trop à travers leur carrière», explique la jeune femme de 35 ans.

La sexualité aime parfois s'entourer de rites, d'une certaine forme d'art et, avouons-le, de techniques. «La sensualité, ça s'apprend, poursuit-elle. Ce n'est pas parce que tu aimes le sexe que tu es nécessairement sensuelle.»

Malgré le nombre impressionnant d'aventures et de liaisons à son actif, François n'a pas la prétention d'être un amant du tonnerre. «Je crois honnêtement que j'ai été un bon amant avec certaines femmes et que j'ai été un amant très ordinaire avec d'autres. Le sexe, ça se passe à deux.»

Hommes et femmes : la différence

Pour certains, le sexe doit s'entourer de rituels, pour d'autres, les envies sexuelles se vivent sans apprêt et sans vernis. «J'ai une moyenne de trois ou quatre partenaires par semaine», dit nonchalamment Sébastien, un jeune gai de Montréal. «Je rencontre essentiellement dans les bars, quelques fois sur Internet. Il s'agit la plupart du temps de one night stands. Des fois, je ne connais même pas le nom de mon partenaire.» Il comprend que cette manière a de quoi surprendre les hétéros.

«Pour mes amis gais, c'est normal», ajoute Sébastien, relançant ainsi l'idée préconçue que les gais ont une vie sexuelle plus grouillante que la moyenne. «Pas parce qu'ils sont gais mais parce que ce sont des gars. Les gars sont toujours prêts. Avec eux, ça se fait plus rapidement et plus facilement. Alors, mets une centaine de gars dans un bar et tu verras le résultat.»

Biologie

Les hommes sécréteraient de 8 % à 10 % plus de testostérone, l'hormone du désir, que les femmes. Cette donnée expliquerait le mythe de l'homme plus «exigeant» sexuellement.

La sexologue Nathalie Suzanne Turgeon a une théorie plus personnelle. «Les organes génitaux de la fille sont intérieurs alors que ceux du garçon sont totalement extérieurs. Il apprend plus vite et plus librement à se toucher, à se procurer du plaisir.»

Les valeurs sociales auraient aussi leur mot à dire. «Un gars qui remporte un succès sexuel, c'est glorifiant. Pour une fille, c'est mal vu, estime la sexologue. Faire l'amour, c'est s'abandonner. Les femmes ont plus de difficulté à trouver cet état d'abandon, car elles ont beaucoup d'idées parasites.»

Vered Haiun avoue se foutre éperdument du regard des autres. «Moi, j'exprime librement mes envies. Tant pis si mon côté entreprenant peut faire peur à certains hommes. Je n'ai jamais eu besoin d'eux pour être sensuelle.»

De son côté, François souhaiterait que les femmes prennent plus souvent les devants dans ce domaine. «C'est vrai que la plupart des hommes ont du mal avec les filles entreprenantes ou qui sont des bombes sexuelles au lit. Pas moi. J'aime bien qu'une fille fasse les premiers pas ou qu'elle dirige les opérations au lit. Je ne me sens pas menacé dans ma virilité pour autant.»

Que cache une hypersexualité?

Pour la sexologue Nathalie Suzanne Turgeon, l'hypersexualité cache parfois une peur liée à l'engagement. «Il peut y avoir une anxiété liée à l'abandon. Je dis souvent des gens qui ont une dépendance au sexe, qu'ils veulent retourner au biberon.»

François avoue que les périodes où il a été plus «papillon» cachaient peut-être une peur de l'engagement. «Oui, sans doute, il y avait cela par moments.»

De son côté, Sébastien se défend de vouloir repousser toute forme de relation à long terme. «Si je dois un jour rencontrer quelqu'un d'intéressant, je ne fermerai pas la porte. Pour l'instant, je fais tout simplement la différence entre l'amour et la sexualité.»

Nathalie Suzanne Turgeon affirme que pour avoir une sexualité libre et saine, il faut atteindre une forme de maturité. «La maturité sexuelle, c'est de pouvoir intégrer les dimensions affectives aux dimensions génitales et être bien là-dedans.»

Pour François, la règle réside dans le respect. «On peut connaître une histoire de sexe qui ne dure qu'un soir dans le respect mutuel et vivre toute une vie avec le même partenaire dans l'irrespect le plus total.»

Et le printemps? Saison du réveil des désirs. Qu'en pense-t-il? «Oui le printemps est une saison propice à l'amour et au sexe, répond François. On dénude notre corps après des mois d'hiver et c'est ce qui nous excite. Le printemps me permet de me redire à quel point les femmes sont belles.»

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